mercredi 26 août 2020

Parlons de "l'éco-socialisme" article archivé d'octobre 2008

 Sur le blog de Raoul Marc Jennar, altermondialiste connu et assez brillant qui a intégré le processus du Nouveau Parti Anticapitaliste (bravo), ce texte sur l'éco-socialisme.



J'ai rajouté mon petit grain de sel en commentaire :

Centralité égale de la question sociale et la question écologiste ? De peur qu'un nouveau socialisme, comme les pays qui se disaient socialistes au XXème siècle, continue à ne pas se soucier de l'air, du climat, de l'eau, de la biodiversité etc.

Pourtant, cela me semble une formulation basée sur une volonté. Mais ce n'est pas la volonté de dix mille militants à bien traiter notre planète qui définira les effets de la nouvelle société. La question est de savoir si les structures de pouvoir qu'on propose permettront ces avancées.

Moi je crois que si nous pouvons renverser le pouvoir du capital et établir un cotnrôle démocratique par ceux qui n'ont que leur travail pour vivre, ces millions de gens ne vont pas vouloir bousiller la planète.

Si les sociétés staliniennes ont bien voulu, je ne crois vraiment pas que ce soit parce qu'elles se basaient trop sur la satisfaction des besoins, mais parce qu'elles ont remis en place, sous la pression de la concurrence économique et surtout militaire, des sociétés de classe. Des sociétés où une petite minorité décidait des investissements, des priorités, et dans lesquelles la place de la majorité était de travailler davantage pour moins cher dès que leurs résistances ne leur permettait pas d'arracher un peu de confort.

Bref, c'est la nature capitaliste des sociétés staliniennes (une minorité contrôle l'accumulation des richesses, dans une nouvelle configuration politique sui conservaient le vocabulaire du socialisme) qui les empêchait de bien traiter la planète.

C'est important, parce que cela veut dire que c'est le renversement complet du pouvoir qui permettra une politique rationnelle sur l'écologie, et pas notre détermination psychologique ou morale.

Raoul-Marc Jennar a répondu :

Staline est commode : refuge de toutes les barbaries, de toutes les dérives !!!
Le capitalisme, que l’Etat soit le détenteur du capital ou que ce soit le privé, reste le capitalisme. Et par nature, le capitalisme est productiviste. C’est donc le capitalisme qu’il faut supprimer.
Mais le socialisme, c’est-à-dire l’appropriation des bénéfices du travail directement par ceux qui travaillent ne garantit pas spontanément le souci collectif pour le cadre de vie et la planète. Il ne garantit pas, par génération spontanée, une interrogation sur la production et ses finalités. Les structures de pouvoir ne conditionnent pas mécaniquement l’usage qu’on en fait.
Il faut une conscience collective qui doit survivre à la crainte de périls immédiats et qui dépend donc d’un processus éducatif.
Ecarter d’un revers de main la détermination psychologique et morale, c’est ramener les humains au rôle de robots d’un mécanisme de pouvoir donné, quel qu’il soit. C’est nier notre libre arbitre présent.


Et j'ai répondu à sa réponse :

Tu exaggères je trouve. Mais la question est importante. La nouvelle société sera créée, nous l’espérons tous les deux, par des millions d’acteurs. La raison fondamentale que l’environnement ne sera pas ignoré est que ce n’est pas dans l’intérêt de la majorité de bousiller l’environnement.

En ce qui concerne le socialisme du XXème siècle, le problème n’est pas de savoir si c’est “commode” ou pas de considérer que la dégénerescence d’une esquisse de socialisme prenne ses racines dans la décision d’une couche sociale dirigée par Staline d’abandonner l’idée du socialisme international pour le remplacer par une révolution industrielle accélérée afin de faire concurrence avec l’occident en technologie, en armements, en fin de compte en capitalisation. Le problème est de savoir si c’est vrai ou non. (d’ailleurs le “commode” sent légèrement le procès d’intention).

J’ai un problème avec le mot “productiviste” non pas par principe, mais parce que je voudrais que le terme soit défini plus clairement.