Dans le nouveau parti anticapitaliste, le débat pour savoir quelles alliances avec d'autres forces sont possibles est essentiel. Une grande variété de positions peut être entendue. Pour beaucoup de militants, s'allier avec des non-révolutionnaires lors d'une lutte, et encore plus lors d'une élection, ne peut se justifier que sous des conditions très strictes. Ces camarades perçoivent un danger que l'image du NPA soit ternie, ou que des camarades du NPA soient déviés, par les positions politiques ambigües ou pires des dirigeants d'autres organisations.
Lors du débat à l'assemblée élective 47 pour la préparation du congrès fondateur du NPA, un débat a eu lieu sur la possibilité ou non d'alliances plus larges pour les élections européennes, (avec le Parti de Gauche, ou avec d'autres organisations). Il était difficile de faire passer l'idée que c'est une question tactique, non pas une question morale. En tant que militants anticapitalistes notre seul intérêt est d'avancer les intérêts des travailleurs et des opprimés. Ainsi des réflexions du genre "je n'ai à convaincre personne" et "je n'irai jamais négocier avec XXX après ses positions sur telle ou telle question" n'ont pas prise sur la vraie question : comment gagner des victoires partielles aux côtés des travailleurs, et comment attirer le maximum des travailleurs vers nos idées.
L'alliance avec d'autres organisations telles que le Parti de Gauche, sur des thèmes particuliers (par exemple une campagne lors des Européennes sur une base "Non au néolibéralisme et au traité européen") ne viserait absolument pas à renforcer ces autres organisations. Au contraire, elle viserait à attirer le maximum de personnes dans une lutte unie et puissante, pour pouvoir avancer les intérêts de la classe, mais aussi pour démontrer en pratique, devant des dizaines de milliers de militants, la supériorité des tactiques et des analyses des révolutionnaires.
Le NPA représente une nouveauté très enthousiasmant, mais il sera, au début, un petit parti, et si on ne veut pas que d'autres forces attirent l'essentiel des nouveaux combattants mis en mouvement par les luttes récentes, il faut une tactique qui permet des alliances dans l'action, en toute clarté et honnêteté, pendant que le débat continue.
Des camarades qui soulignent que Mélenchon ne va jamais devenir révolutionnaire, et qu'il va s'opposer à nous à l'avenir ont absolument raison, mais c'est la mauvaise question. Mélenchon n'intéresse pas le NPA. Les milliers de gens qui sont tentés par le parti de Mélenchon devraient, par contre, nous intéresser beaucoup. Bien sûr, on peut se satisfaire de planter notre drapeau et espérer qu'ils viennent nous chercher en entendant nos brillantes dénonciations de Mélenchon et d'autres. Mais la politique est plus dynamique que cela. Les idées des gens changent plus rapidement pendant des combats, et alors attirer des gens dans un combat commun, pour pouvoir aussi polémiquer sur les limites des idées de Mélenchon ou d'autres, est une tactique très intéressante.
D'autres camarades ont tout à fait le droit d'être de désaccord, bien sûr. On peut penser que les gens tentés par Mélenchon ou par d'autres structures endehors du NPA ne sont pas intéressants, ne pourraient jamais changer d'avis. Masi il faut poser le débat en termes de tactique politique, et non en termes de purisme identitaire ni d'amertume quasi-personnelle contre tel ou tel dirigeant non-révolutionnaire.
mercredi 8 juillet 2020
Motion contre l'islamophobie au congrès du NPA article archivé, de janvier 2009
Le congrès départemental du nouveau parti anticapitaliste pour le 47 a eu lieu hier, et a été marqué par un débat riche sur toute une série de questions.
Pour ma part j'ai proposé deux amendements aux textes du congrès. Le premier, concernant l'islamophobie, est ici :
Nous luttons pour une société où la laïcité signifie séparation de l’Etat et des religions, traitement égal de toutes les confessions, protection par l’Etat des libertés individuelles et collectives de croyance et de confrontations d’idées. Nous
combattons l’islamophobie autant que l’antisémitisme et toutes les discriminations, qu’elles soient religieuses, racistes, ou sexuelles, en refusant l’ethnicisation sur des bases culturelles ou/et religieuses des questions sociales et politiques ; et nous oeuvrons au rapprochement de tous les opprimés et exploités, croyants ou non croyants, dans la lutte commune pour des droits égaux.(MONTMARTRE)
C'était à rajouter aux textes "principes fondateurs" après la section sur l'oppression des femmes. Je l'ai proposé parce qu'il me semblait que dans un pays où être contre "les musulmans" n'est pas rare, même à gauche, et dans un contexte où, par exemple, la gauche radicale hésite à manifester quand une mosquée est brûlée par des extrémistes, il était indispensable que l'opposition à l'islamophobie soit écrite dans les textes.
Pour mon article sur le sujet (un peu polémique, on m'a dit) voir ici .
Mais avant de présenter l'amendement, j'ai pas mal hésité. Si c'était pour me retrouver complètement isolé, avec toute l'assemblée contre moi, je n'avais pas trop envie. Alors j'ai envoyé l'amendement avant à une dizaine de personnes dont je ne connaissais pas la position. Les réactions étaient relativement encourageantes, alors j'ai présenté l'amendement.
Dans le débat, une ou deux personnes ont déclaré ouvertement "je suis islamophobe" (en rajoutant qu'il étaient également "chrétienophobes" etc.) D'autres disaient que l'islamophobie en tant que telle n'existe pas, il existe seulement le racisme anti-arabe. D'autres encore disaient qu'il valait mieux ne pas évoquer ces sujets dans les textes.
Les lecteurs de mon blog savent que je suis partisan d'un combat implacable contre l'islamophobie.
Bref, résultat final: 10 voix pour l'amendement, 15 voix contre l'amendement et 14 abstentions. C'est beaucoup mieux que je ne pensais obtenir. Mais l'essentiel est d'encourager le débat, car même si jamais l'amendement est inscrit dans les textes, cela ne changera rien à la pratique du parti s'il n'y a pas des centaines de militants au moins qui ont envie d'engager ce combat aux côtés de certaines organisations musulmanes.
Je rebloggerai (!) plus tard dans la semaine sur d'autres aspects importants du débat préparatoire pour le congrès fondateur du nouveau parti anticapitaliste.
Par ailleurs, 21 personnes ont voulu que je sois un des six délégués au congrès, et cela a suffi (tout juste) pour que je sois élu délégué au congrès, avec cinq autres (sur 13 candidats).
Pour ma part j'ai proposé deux amendements aux textes du congrès. Le premier, concernant l'islamophobie, est ici :
Nous luttons pour une société où la laïcité signifie séparation de l’Etat et des religions, traitement égal de toutes les confessions, protection par l’Etat des libertés individuelles et collectives de croyance et de confrontations d’idées. Nous
combattons l’islamophobie autant que l’antisémitisme et toutes les discriminations, qu’elles soient religieuses, racistes, ou sexuelles, en refusant l’ethnicisation sur des bases culturelles ou/et religieuses des questions sociales et politiques ; et nous oeuvrons au rapprochement de tous les opprimés et exploités, croyants ou non croyants, dans la lutte commune pour des droits égaux.(MONTMARTRE)
C'était à rajouter aux textes "principes fondateurs" après la section sur l'oppression des femmes. Je l'ai proposé parce qu'il me semblait que dans un pays où être contre "les musulmans" n'est pas rare, même à gauche, et dans un contexte où, par exemple, la gauche radicale hésite à manifester quand une mosquée est brûlée par des extrémistes, il était indispensable que l'opposition à l'islamophobie soit écrite dans les textes.
Pour mon article sur le sujet (un peu polémique, on m'a dit) voir ici .
Mais avant de présenter l'amendement, j'ai pas mal hésité. Si c'était pour me retrouver complètement isolé, avec toute l'assemblée contre moi, je n'avais pas trop envie. Alors j'ai envoyé l'amendement avant à une dizaine de personnes dont je ne connaissais pas la position. Les réactions étaient relativement encourageantes, alors j'ai présenté l'amendement.
Dans le débat, une ou deux personnes ont déclaré ouvertement "je suis islamophobe" (en rajoutant qu'il étaient également "chrétienophobes" etc.) D'autres disaient que l'islamophobie en tant que telle n'existe pas, il existe seulement le racisme anti-arabe. D'autres encore disaient qu'il valait mieux ne pas évoquer ces sujets dans les textes.
Les lecteurs de mon blog savent que je suis partisan d'un combat implacable contre l'islamophobie.
Bref, résultat final: 10 voix pour l'amendement, 15 voix contre l'amendement et 14 abstentions. C'est beaucoup mieux que je ne pensais obtenir. Mais l'essentiel est d'encourager le débat, car même si jamais l'amendement est inscrit dans les textes, cela ne changera rien à la pratique du parti s'il n'y a pas des centaines de militants au moins qui ont envie d'engager ce combat aux côtés de certaines organisations musulmanes.
Je rebloggerai (!) plus tard dans la semaine sur d'autres aspects importants du débat préparatoire pour le congrès fondateur du nouveau parti anticapitaliste.
Par ailleurs, 21 personnes ont voulu que je sois un des six délégués au congrès, et cela a suffi (tout juste) pour que je sois élu délégué au congrès, avec cinq autres (sur 13 candidats).
The academic strike in France. Article archive 03/2009
University World News - FRANCE: Academic strike action may end
Cliquez sur le lien ci-dessus pour voir un article en anglais sur la grève dans les universités en France. On a publié ma contribution en bas de la page, et la voici :
John Mullen, a lecturer at University Paris 12, comments:
Although last Thursday's day of demonstrations was significantly smaller than previous days of action, this was partly because most Paris universities are on holiday.
As well, some unions did not really mobilise, preferring to save their strength for a big day of action next Thursday. In only one or two of the 70-odd universities affected by the strike are there significant moves to start teaching again.
The majority of strikers remain determined to get more concessions from the government, to such an extent that the biggest trade union, the SNESUP, refused even to attend a meeting called by the Minister last Friday.
The number of "alternative workshops" replacing university classes with discussions and films about social protest and democratic rights is still on the rise. For the moment, the movement is not slowing down, though it is impossible to say what will happen in a one or two weeks.
Every 10 days or so, a national strike committee holds a day-long meeting with several delegates from each striking university. The next will be held on Friday at my university and it is extremely unlikely that the strike will end before that.
The govenrment's latest proposals are viewed with considerable scepticism. Many lecturers believe the government's promise to "completely rewrite" the proposed decree on lecturer-researchers' working conditions remains vague. They would prefer the decree was simply withdrawn and the time taken to consult all concerned on any reforms.
As for the proposed reform of teacher training, again, setting up a review commission, including representatives of universities, is not a major move since the minimum demand is a moratorium of a year or two to allow consultation.
The demands of the lecturers might seem rather technical but the fundamental objection is to the idea of putting universities into competition one against another, controlling lecturer-researchers by setting up management structures and foremen in the universities, and depending more and more on private funding for research.
The government has preferred to give major tax breaks to companies that invest in research and development rather than find more funding for public sector research. We feel that if funding becomes even more private sector based, big companies will not pay researchers to write books on history, archeology, mathematics, literature and so on.
As for the autonomy of universities, we prefer the present collegial organisation. The government has promised to effectively double the salaries of university presidents when their universities become autonomous.
We believe the presidents will become businessmen and that academic independence will be under threat. In other countries such as Britain, the end result of such neo-liberal-inspired reforms has been the charging of high tuition fees for students: In France the fees are still "only" a couple of hundred euros a year whereas in Britain they are EUR3,000 and this has led to a reduction in the number of young people from poorer families going to university.
We are defending a whole idea of what a university can be as a public service. It has to be said that a national strike of this type has never been called before by university lecturers in France.
Cliquez sur le lien ci-dessus pour voir un article en anglais sur la grève dans les universités en France. On a publié ma contribution en bas de la page, et la voici :
John Mullen, a lecturer at University Paris 12, comments:
Although last Thursday's day of demonstrations was significantly smaller than previous days of action, this was partly because most Paris universities are on holiday.
As well, some unions did not really mobilise, preferring to save their strength for a big day of action next Thursday. In only one or two of the 70-odd universities affected by the strike are there significant moves to start teaching again.
The majority of strikers remain determined to get more concessions from the government, to such an extent that the biggest trade union, the SNESUP, refused even to attend a meeting called by the Minister last Friday.
The number of "alternative workshops" replacing university classes with discussions and films about social protest and democratic rights is still on the rise. For the moment, the movement is not slowing down, though it is impossible to say what will happen in a one or two weeks.
Every 10 days or so, a national strike committee holds a day-long meeting with several delegates from each striking university. The next will be held on Friday at my university and it is extremely unlikely that the strike will end before that.
The govenrment's latest proposals are viewed with considerable scepticism. Many lecturers believe the government's promise to "completely rewrite" the proposed decree on lecturer-researchers' working conditions remains vague. They would prefer the decree was simply withdrawn and the time taken to consult all concerned on any reforms.
As for the proposed reform of teacher training, again, setting up a review commission, including representatives of universities, is not a major move since the minimum demand is a moratorium of a year or two to allow consultation.
The demands of the lecturers might seem rather technical but the fundamental objection is to the idea of putting universities into competition one against another, controlling lecturer-researchers by setting up management structures and foremen in the universities, and depending more and more on private funding for research.
The government has preferred to give major tax breaks to companies that invest in research and development rather than find more funding for public sector research. We feel that if funding becomes even more private sector based, big companies will not pay researchers to write books on history, archeology, mathematics, literature and so on.
As for the autonomy of universities, we prefer the present collegial organisation. The government has promised to effectively double the salaries of university presidents when their universities become autonomous.
We believe the presidents will become businessmen and that academic independence will be under threat. In other countries such as Britain, the end result of such neo-liberal-inspired reforms has been the charging of high tuition fees for students: In France the fees are still "only" a couple of hundred euros a year whereas in Britain they are EUR3,000 and this has led to a reduction in the number of young people from poorer families going to university.
We are defending a whole idea of what a university can be as a public service. It has to be said that a national strike of this type has never been called before by university lecturers in France.
mardi 7 juillet 2020
Grève de la faim contre la casse de l'université - articles archives 2009
Bordeaux - Toute l'actualité de la région avec Libération: Les étudiants de Bordeaux III expérimentent la grève de la faim comme nouveau mode d’action
Je suis engagé dans le mouvement contre la casse de l'université depuis plusieurs mois. Je comprends les fortes émotions qu'il inspire, et je sais qu'une telle action demande beaucoup de courage.
Mais la grève de faim est une erreur tactique, car elle ne permet pas de mobiliser largement. Nous devons rester dans le collectif. Si le gouvernement méprise enseignants et étudiants (et autres personnels), pour nous, chaque étudiant et chaque collègue est précieux, et il ne faut pas choisir des tactiques qui mettent en danger les nôtres.
Je suis engagé dans le mouvement contre la casse de l'université depuis plusieurs mois. Je comprends les fortes émotions qu'il inspire, et je sais qu'une telle action demande beaucoup de courage.
Mais la grève de faim est une erreur tactique, car elle ne permet pas de mobiliser largement. Nous devons rester dans le collectif. Si le gouvernement méprise enseignants et étudiants (et autres personnels), pour nous, chaque étudiant et chaque collègue est précieux, et il ne faut pas choisir des tactiques qui mettent en danger les nôtres.
Inscription à :
Articles (Atom)