vendredi 28 août 2020

Les erreurs de Besancenot sur le Cuba (article de mai 2008 archive ici)

 Archives Rouge Article


Dans Rouge cette semaine, un interview d'Olivier Besancenot qui s'est récemment rendu à Cuba.

Besancenot n'est pas un supporter inconditionnel de Castro, il en est très loin.

N'empêche qu'en fin de compte, le gouvernement de Cuba représente pour lui "la révolution", et en lisant entre les lignes, ce gouvernement sera un des nôtres quand nous réfléchissons ensemble sur le socialisme du XXIème siècle.

Ce n'est pas une position tenable. La terrible pression de l'embargo américain contre Cuba, et l'évidente défense du droit des cubains à l'auto-détérmination réelle ne doit pas nous aveugler au manque total de contrôle quelconque des travailleurs cubains sur les décisions du régime.

Castro soutenait pendant des décennies les régimes russes plus terribles les uns que les autres pour les travailleurs russes. Il participa aux aventures neocoloniales russes. Lorsque le régime russe voulait développer des armes nucléaires plus sophistiqués pour "défendre le socialisme", il applaudissait. Il faut revoir de fond en comble une analyse de l'Etat cubain qui garde les illusions d'antan.

Cet article de notre revue présent un autre point de vue.

mercredi 26 août 2020

Besancenot, anticapitalisme et révolution. Article archivé de septembre 2008

 Si vous suivez le lien vous verrez un article au sujet d'un article que Besancenot a donné tout récemment au journal américain le New York Times. Il leur aurait dit, entre autres choses qu'il faut réinventer la révolution car aucune expérience révolutionnaire n'a jamais réussi. Dans un autre interview il a décclaré que le nouveau parti anticapitaliste sera "révolutionnaire dans le sens contemporain du terme".


C'est assez impressionnant, surtout pour un vieux militant, de voir le mot "révolution" apparaître dans la presse si souvent! Mais au lieu d'utiliser la tribune des médias pour clarifier ce qu'est la révolution, Besancenot préfère éviter des questions clé.

Si c'était vrai qu'aucune expérience révolutionnaire n'avait jamais réussi, cela nous donnerait peu envie de réessayer au cas où on aura plus de chance la prochaine fois!

C'est faux. Il y a eu des révolutions bourgeoises réussie (comme la française) qui détruisirent le féodalisme sanguinaire et ouvrirent la possibilité de grandes conquêtes sociales.

Une fois, il y a eu une révolution ouvrière qui a réussi, qui a arrêté la première guerre mondiale pour la Russie, publié les traités secrets signés par les voyous qui dirigeaient tous les pays de l'Europe, qui a montré un exemple pendant quelques années des changements qu'on pouvait faire dans la société même dans un pays pauvre. Dans l'éducation, dans les droits des femmes, les droits des religions minoritaires, les droits des homosexuels et bien d'autres domaines, la révolution russe a réussi des exploits incroyables.

Par la suite, asphyxiée par les invasions et embargos étrangers, épuisée par la guerre, isolée par l'échec de la Révolution en Allemagne, la révolution a péri. Un système de classe a été remis en place, et on a gardé seulement le vocabulaire de la révolution des travailleurs.

Mais la différence est énorme entre une révolution qui échoue, et une révolution qui réussit et qui est ensuite écrasée par les forces du capitalisme international. Aujourd'hui nous avons encore besoin de clarifier cette question. Comment convaincre les militants à faire des sacrifices pour la révolution si on ne peut pas expliquer comment la dernière a été écrasée ?

L'autre commentaire de Besancenot, que le parti sera "révolutionnaire dans le sens contemporain du mot" est tout simplement une façon d'esquiver la question. On dirait un politicien comme tous les autres sur cette question! Comme s'il y avait un consensus aujourd'hui même à gauche sur le sens du mot "révolution"! Pour au moins 80% de la population une révolution est une transformation sanglante d'une société poru donner lieu à une dictature bureaucratique. Pour une petite minorité, une révolution est la prise de contrôle démocratique de l'économie par la majorité de la population, les travailleurs.

Au lieu d'éviter la question, il faut la clarifier. Le nouveau parti devrait accueillir des révolutionnaires (qui sont convaincus que l'Etat, la police, l'Armée ne peuvent pas être durablement réformés, qui souhaitent la défaite des armées occidentales en Afghanistan, qui défendent l'auto-organisation des opprimés) et d'autres militants syndicaus et politiques, anticapitalistes mais pas ou pas encore révolutionnaires. Beaucoup des militants du NPA ne sont pas convaincus qu'une révolution des travailleurs est possible. Les révolutionnaires doivent mener les combats de notre classe avec ces autres militants et essayer de convaincre du bien fondé des idées révolutionnaires. Eviter les questions clés est une grave erreur.

Parlons de "l'éco-socialisme" article archivé d'octobre 2008

 Sur le blog de Raoul Marc Jennar, altermondialiste connu et assez brillant qui a intégré le processus du Nouveau Parti Anticapitaliste (bravo), ce texte sur l'éco-socialisme.



J'ai rajouté mon petit grain de sel en commentaire :

Centralité égale de la question sociale et la question écologiste ? De peur qu'un nouveau socialisme, comme les pays qui se disaient socialistes au XXème siècle, continue à ne pas se soucier de l'air, du climat, de l'eau, de la biodiversité etc.

Pourtant, cela me semble une formulation basée sur une volonté. Mais ce n'est pas la volonté de dix mille militants à bien traiter notre planète qui définira les effets de la nouvelle société. La question est de savoir si les structures de pouvoir qu'on propose permettront ces avancées.

Moi je crois que si nous pouvons renverser le pouvoir du capital et établir un cotnrôle démocratique par ceux qui n'ont que leur travail pour vivre, ces millions de gens ne vont pas vouloir bousiller la planète.

Si les sociétés staliniennes ont bien voulu, je ne crois vraiment pas que ce soit parce qu'elles se basaient trop sur la satisfaction des besoins, mais parce qu'elles ont remis en place, sous la pression de la concurrence économique et surtout militaire, des sociétés de classe. Des sociétés où une petite minorité décidait des investissements, des priorités, et dans lesquelles la place de la majorité était de travailler davantage pour moins cher dès que leurs résistances ne leur permettait pas d'arracher un peu de confort.

Bref, c'est la nature capitaliste des sociétés staliniennes (une minorité contrôle l'accumulation des richesses, dans une nouvelle configuration politique sui conservaient le vocabulaire du socialisme) qui les empêchait de bien traiter la planète.

C'est important, parce que cela veut dire que c'est le renversement complet du pouvoir qui permettra une politique rationnelle sur l'écologie, et pas notre détermination psychologique ou morale.

Raoul-Marc Jennar a répondu :

Staline est commode : refuge de toutes les barbaries, de toutes les dérives !!!
Le capitalisme, que l’Etat soit le détenteur du capital ou que ce soit le privé, reste le capitalisme. Et par nature, le capitalisme est productiviste. C’est donc le capitalisme qu’il faut supprimer.
Mais le socialisme, c’est-à-dire l’appropriation des bénéfices du travail directement par ceux qui travaillent ne garantit pas spontanément le souci collectif pour le cadre de vie et la planète. Il ne garantit pas, par génération spontanée, une interrogation sur la production et ses finalités. Les structures de pouvoir ne conditionnent pas mécaniquement l’usage qu’on en fait.
Il faut une conscience collective qui doit survivre à la crainte de périls immédiats et qui dépend donc d’un processus éducatif.
Ecarter d’un revers de main la détermination psychologique et morale, c’est ramener les humains au rôle de robots d’un mécanisme de pouvoir donné, quel qu’il soit. C’est nier notre libre arbitre présent.


Et j'ai répondu à sa réponse :

Tu exaggères je trouve. Mais la question est importante. La nouvelle société sera créée, nous l’espérons tous les deux, par des millions d’acteurs. La raison fondamentale que l’environnement ne sera pas ignoré est que ce n’est pas dans l’intérêt de la majorité de bousiller l’environnement.

En ce qui concerne le socialisme du XXème siècle, le problème n’est pas de savoir si c’est “commode” ou pas de considérer que la dégénerescence d’une esquisse de socialisme prenne ses racines dans la décision d’une couche sociale dirigée par Staline d’abandonner l’idée du socialisme international pour le remplacer par une révolution industrielle accélérée afin de faire concurrence avec l’occident en technologie, en armements, en fin de compte en capitalisation. Le problème est de savoir si c’est vrai ou non. (d’ailleurs le “commode” sent légèrement le procès d’intention).

J’ai un problème avec le mot “productiviste” non pas par principe, mais parce que je voudrais que le terme soit défini plus clairement.

Article archivé d'octobre 2008

 On m'a interviewé pour le site web "Observers France 24", que vous trouverez en cliquant ci-dessus. J'avais droit à quinze lignes. Voici ce que j'ai dit :



"Depuis plus de vingt ans, on nous répète que le profit privé est une garantie de stabilité et de prospérité. Les grandes banques et les compagnies d'assurance ont fait campagne pour contrôler nos fonds de retraites, les gouvernements de droite ou de gauche ont privatisé les industries auparavant nationalisées et les services publics.

Et là, tout d'un coup, on voit qu'on nous a menti. Leur système est complètement pourri : la dictature du profit n'amène pas la stabilité, mais la panique de la récession. Pourtant, au lieu de réduire le pouvoir des grands capitalistes, on propose de nationaliser les dettes tout en laissant les profits aux riches ! Et cette fois, on trouve des milliards d'euros ! Alors que les caisses étaient vides pour les retraites, pour l'éducation, pour la santé, elles débordent aujourd'hui pour sauver la peau des criminels qui dominent notre société.

Les gens ordinaires sont furieux et ne croient plus ces clowns prétentieux déguisés en 'experts économiques'. Le travail du NPA et de la gauche radicale est de redonner de l'espoir, d'encourager les résistances - contre la privatisation de la Poste, contre les suppressions de postes dans l'enseignement,"