vendredi 28 août 2020
Les erreurs de Besancenot sur le Cuba (article de mai 2008 archive ici)
Dans Rouge cette semaine, un interview d'Olivier Besancenot qui s'est récemment rendu à Cuba.
Besancenot n'est pas un supporter inconditionnel de Castro, il en est très loin.
N'empêche qu'en fin de compte, le gouvernement de Cuba représente pour lui "la révolution", et en lisant entre les lignes, ce gouvernement sera un des nôtres quand nous réfléchissons ensemble sur le socialisme du XXIème siècle.
Ce n'est pas une position tenable. La terrible pression de l'embargo américain contre Cuba, et l'évidente défense du droit des cubains à l'auto-détérmination réelle ne doit pas nous aveugler au manque total de contrôle quelconque des travailleurs cubains sur les décisions du régime.
Castro soutenait pendant des décennies les régimes russes plus terribles les uns que les autres pour les travailleurs russes. Il participa aux aventures neocoloniales russes. Lorsque le régime russe voulait développer des armes nucléaires plus sophistiqués pour "défendre le socialisme", il applaudissait. Il faut revoir de fond en comble une analyse de l'Etat cubain qui garde les illusions d'antan.
Cet article de notre revue présent un autre point de vue.
mercredi 26 août 2020
Besancenot, anticapitalisme et révolution. Article archivé de septembre 2008
Si vous suivez le lien vous verrez un article au sujet d'un article que Besancenot a donné tout récemment au journal américain le New York Times. Il leur aurait dit, entre autres choses qu'il faut réinventer la révolution car aucune expérience révolutionnaire n'a jamais réussi. Dans un autre interview il a décclaré que le nouveau parti anticapitaliste sera "révolutionnaire dans le sens contemporain du terme".
C'est assez impressionnant, surtout pour un vieux militant, de voir le mot "révolution" apparaître dans la presse si souvent! Mais au lieu d'utiliser la tribune des médias pour clarifier ce qu'est la révolution, Besancenot préfère éviter des questions clé.
Si c'était vrai qu'aucune expérience révolutionnaire n'avait jamais réussi, cela nous donnerait peu envie de réessayer au cas où on aura plus de chance la prochaine fois!
C'est faux. Il y a eu des révolutions bourgeoises réussie (comme la française) qui détruisirent le féodalisme sanguinaire et ouvrirent la possibilité de grandes conquêtes sociales.
Une fois, il y a eu une révolution ouvrière qui a réussi, qui a arrêté la première guerre mondiale pour la Russie, publié les traités secrets signés par les voyous qui dirigeaient tous les pays de l'Europe, qui a montré un exemple pendant quelques années des changements qu'on pouvait faire dans la société même dans un pays pauvre. Dans l'éducation, dans les droits des femmes, les droits des religions minoritaires, les droits des homosexuels et bien d'autres domaines, la révolution russe a réussi des exploits incroyables.
Par la suite, asphyxiée par les invasions et embargos étrangers, épuisée par la guerre, isolée par l'échec de la Révolution en Allemagne, la révolution a péri. Un système de classe a été remis en place, et on a gardé seulement le vocabulaire de la révolution des travailleurs.
Mais la différence est énorme entre une révolution qui échoue, et une révolution qui réussit et qui est ensuite écrasée par les forces du capitalisme international. Aujourd'hui nous avons encore besoin de clarifier cette question. Comment convaincre les militants à faire des sacrifices pour la révolution si on ne peut pas expliquer comment la dernière a été écrasée ?
L'autre commentaire de Besancenot, que le parti sera "révolutionnaire dans le sens contemporain du mot" est tout simplement une façon d'esquiver la question. On dirait un politicien comme tous les autres sur cette question! Comme s'il y avait un consensus aujourd'hui même à gauche sur le sens du mot "révolution"! Pour au moins 80% de la population une révolution est une transformation sanglante d'une société poru donner lieu à une dictature bureaucratique. Pour une petite minorité, une révolution est la prise de contrôle démocratique de l'économie par la majorité de la population, les travailleurs.
Au lieu d'éviter la question, il faut la clarifier. Le nouveau parti devrait accueillir des révolutionnaires (qui sont convaincus que l'Etat, la police, l'Armée ne peuvent pas être durablement réformés, qui souhaitent la défaite des armées occidentales en Afghanistan, qui défendent l'auto-organisation des opprimés) et d'autres militants syndicaus et politiques, anticapitalistes mais pas ou pas encore révolutionnaires. Beaucoup des militants du NPA ne sont pas convaincus qu'une révolution des travailleurs est possible. Les révolutionnaires doivent mener les combats de notre classe avec ces autres militants et essayer de convaincre du bien fondé des idées révolutionnaires. Eviter les questions clés est une grave erreur.
Parlons de "l'éco-socialisme" article archivé d'octobre 2008
Sur le blog de Raoul Marc Jennar, altermondialiste connu et assez brillant qui a intégré le processus du Nouveau Parti Anticapitaliste (bravo), ce texte sur l'éco-socialisme.
J'ai rajouté mon petit grain de sel en commentaire :
Centralité égale de la question sociale et la question écologiste ? De peur qu'un nouveau socialisme, comme les pays qui se disaient socialistes au XXème siècle, continue à ne pas se soucier de l'air, du climat, de l'eau, de la biodiversité etc.
Pourtant, cela me semble une formulation basée sur une volonté. Mais ce n'est pas la volonté de dix mille militants à bien traiter notre planète qui définira les effets de la nouvelle société. La question est de savoir si les structures de pouvoir qu'on propose permettront ces avancées.
Moi je crois que si nous pouvons renverser le pouvoir du capital et établir un cotnrôle démocratique par ceux qui n'ont que leur travail pour vivre, ces millions de gens ne vont pas vouloir bousiller la planète.
Si les sociétés staliniennes ont bien voulu, je ne crois vraiment pas que ce soit parce qu'elles se basaient trop sur la satisfaction des besoins, mais parce qu'elles ont remis en place, sous la pression de la concurrence économique et surtout militaire, des sociétés de classe. Des sociétés où une petite minorité décidait des investissements, des priorités, et dans lesquelles la place de la majorité était de travailler davantage pour moins cher dès que leurs résistances ne leur permettait pas d'arracher un peu de confort.
Bref, c'est la nature capitaliste des sociétés staliniennes (une minorité contrôle l'accumulation des richesses, dans une nouvelle configuration politique sui conservaient le vocabulaire du socialisme) qui les empêchait de bien traiter la planète.
C'est important, parce que cela veut dire que c'est le renversement complet du pouvoir qui permettra une politique rationnelle sur l'écologie, et pas notre détermination psychologique ou morale.
Raoul-Marc Jennar a répondu :
Staline est commode : refuge de toutes les barbaries, de toutes les dérives !!!
Le capitalisme, que l’Etat soit le détenteur du capital ou que ce soit le privé, reste le capitalisme. Et par nature, le capitalisme est productiviste. C’est donc le capitalisme qu’il faut supprimer.
Mais le socialisme, c’est-à-dire l’appropriation des bénéfices du travail directement par ceux qui travaillent ne garantit pas spontanément le souci collectif pour le cadre de vie et la planète. Il ne garantit pas, par génération spontanée, une interrogation sur la production et ses finalités. Les structures de pouvoir ne conditionnent pas mécaniquement l’usage qu’on en fait.
Il faut une conscience collective qui doit survivre à la crainte de périls immédiats et qui dépend donc d’un processus éducatif.
Ecarter d’un revers de main la détermination psychologique et morale, c’est ramener les humains au rôle de robots d’un mécanisme de pouvoir donné, quel qu’il soit. C’est nier notre libre arbitre présent.
Et j'ai répondu à sa réponse :
Tu exaggères je trouve. Mais la question est importante. La nouvelle société sera créée, nous l’espérons tous les deux, par des millions d’acteurs. La raison fondamentale que l’environnement ne sera pas ignoré est que ce n’est pas dans l’intérêt de la majorité de bousiller l’environnement.
En ce qui concerne le socialisme du XXème siècle, le problème n’est pas de savoir si c’est “commode” ou pas de considérer que la dégénerescence d’une esquisse de socialisme prenne ses racines dans la décision d’une couche sociale dirigée par Staline d’abandonner l’idée du socialisme international pour le remplacer par une révolution industrielle accélérée afin de faire concurrence avec l’occident en technologie, en armements, en fin de compte en capitalisation. Le problème est de savoir si c’est vrai ou non. (d’ailleurs le “commode” sent légèrement le procès d’intention).
J’ai un problème avec le mot “productiviste” non pas par principe, mais parce que je voudrais que le terme soit défini plus clairement.
Article archivé d'octobre 2008
On m'a interviewé pour le site web "Observers France 24", que vous trouverez en cliquant ci-dessus. J'avais droit à quinze lignes. Voici ce que j'ai dit :
"Depuis plus de vingt ans, on nous répète que le profit privé est une garantie de stabilité et de prospérité. Les grandes banques et les compagnies d'assurance ont fait campagne pour contrôler nos fonds de retraites, les gouvernements de droite ou de gauche ont privatisé les industries auparavant nationalisées et les services publics.
Et là, tout d'un coup, on voit qu'on nous a menti. Leur système est complètement pourri : la dictature du profit n'amène pas la stabilité, mais la panique de la récession. Pourtant, au lieu de réduire le pouvoir des grands capitalistes, on propose de nationaliser les dettes tout en laissant les profits aux riches ! Et cette fois, on trouve des milliards d'euros ! Alors que les caisses étaient vides pour les retraites, pour l'éducation, pour la santé, elles débordent aujourd'hui pour sauver la peau des criminels qui dominent notre société.
Les gens ordinaires sont furieux et ne croient plus ces clowns prétentieux déguisés en 'experts économiques'. Le travail du NPA et de la gauche radicale est de redonner de l'espoir, d'encourager les résistances - contre la privatisation de la Poste, contre les suppressions de postes dans l'enseignement,"
mercredi 8 juillet 2020
Débat : le NPA et les alliances possibles (article archivé de janvier 2009)
Dans le nouveau parti anticapitaliste, le débat pour savoir quelles alliances avec d'autres forces sont possibles est essentiel. Une grande variété de positions peut être entendue. Pour beaucoup de militants, s'allier avec des non-révolutionnaires lors d'une lutte, et encore plus lors d'une élection, ne peut se justifier que sous des conditions très strictes. Ces camarades perçoivent un danger que l'image du NPA soit ternie, ou que des camarades du NPA soient déviés, par les positions politiques ambigües ou pires des dirigeants d'autres organisations.
Lors du débat à l'assemblée élective 47 pour la préparation du congrès fondateur du NPA, un débat a eu lieu sur la possibilité ou non d'alliances plus larges pour les élections européennes, (avec le Parti de Gauche, ou avec d'autres organisations). Il était difficile de faire passer l'idée que c'est une question tactique, non pas une question morale. En tant que militants anticapitalistes notre seul intérêt est d'avancer les intérêts des travailleurs et des opprimés. Ainsi des réflexions du genre "je n'ai à convaincre personne" et "je n'irai jamais négocier avec XXX après ses positions sur telle ou telle question" n'ont pas prise sur la vraie question : comment gagner des victoires partielles aux côtés des travailleurs, et comment attirer le maximum des travailleurs vers nos idées.
L'alliance avec d'autres organisations telles que le Parti de Gauche, sur des thèmes particuliers (par exemple une campagne lors des Européennes sur une base "Non au néolibéralisme et au traité européen") ne viserait absolument pas à renforcer ces autres organisations. Au contraire, elle viserait à attirer le maximum de personnes dans une lutte unie et puissante, pour pouvoir avancer les intérêts de la classe, mais aussi pour démontrer en pratique, devant des dizaines de milliers de militants, la supériorité des tactiques et des analyses des révolutionnaires.
Le NPA représente une nouveauté très enthousiasmant, mais il sera, au début, un petit parti, et si on ne veut pas que d'autres forces attirent l'essentiel des nouveaux combattants mis en mouvement par les luttes récentes, il faut une tactique qui permet des alliances dans l'action, en toute clarté et honnêteté, pendant que le débat continue.
Des camarades qui soulignent que Mélenchon ne va jamais devenir révolutionnaire, et qu'il va s'opposer à nous à l'avenir ont absolument raison, mais c'est la mauvaise question. Mélenchon n'intéresse pas le NPA. Les milliers de gens qui sont tentés par le parti de Mélenchon devraient, par contre, nous intéresser beaucoup. Bien sûr, on peut se satisfaire de planter notre drapeau et espérer qu'ils viennent nous chercher en entendant nos brillantes dénonciations de Mélenchon et d'autres. Mais la politique est plus dynamique que cela. Les idées des gens changent plus rapidement pendant des combats, et alors attirer des gens dans un combat commun, pour pouvoir aussi polémiquer sur les limites des idées de Mélenchon ou d'autres, est une tactique très intéressante.
D'autres camarades ont tout à fait le droit d'être de désaccord, bien sûr. On peut penser que les gens tentés par Mélenchon ou par d'autres structures endehors du NPA ne sont pas intéressants, ne pourraient jamais changer d'avis. Masi il faut poser le débat en termes de tactique politique, et non en termes de purisme identitaire ni d'amertume quasi-personnelle contre tel ou tel dirigeant non-révolutionnaire.
Lors du débat à l'assemblée élective 47 pour la préparation du congrès fondateur du NPA, un débat a eu lieu sur la possibilité ou non d'alliances plus larges pour les élections européennes, (avec le Parti de Gauche, ou avec d'autres organisations). Il était difficile de faire passer l'idée que c'est une question tactique, non pas une question morale. En tant que militants anticapitalistes notre seul intérêt est d'avancer les intérêts des travailleurs et des opprimés. Ainsi des réflexions du genre "je n'ai à convaincre personne" et "je n'irai jamais négocier avec XXX après ses positions sur telle ou telle question" n'ont pas prise sur la vraie question : comment gagner des victoires partielles aux côtés des travailleurs, et comment attirer le maximum des travailleurs vers nos idées.
L'alliance avec d'autres organisations telles que le Parti de Gauche, sur des thèmes particuliers (par exemple une campagne lors des Européennes sur une base "Non au néolibéralisme et au traité européen") ne viserait absolument pas à renforcer ces autres organisations. Au contraire, elle viserait à attirer le maximum de personnes dans une lutte unie et puissante, pour pouvoir avancer les intérêts de la classe, mais aussi pour démontrer en pratique, devant des dizaines de milliers de militants, la supériorité des tactiques et des analyses des révolutionnaires.
Le NPA représente une nouveauté très enthousiasmant, mais il sera, au début, un petit parti, et si on ne veut pas que d'autres forces attirent l'essentiel des nouveaux combattants mis en mouvement par les luttes récentes, il faut une tactique qui permet des alliances dans l'action, en toute clarté et honnêteté, pendant que le débat continue.
Des camarades qui soulignent que Mélenchon ne va jamais devenir révolutionnaire, et qu'il va s'opposer à nous à l'avenir ont absolument raison, mais c'est la mauvaise question. Mélenchon n'intéresse pas le NPA. Les milliers de gens qui sont tentés par le parti de Mélenchon devraient, par contre, nous intéresser beaucoup. Bien sûr, on peut se satisfaire de planter notre drapeau et espérer qu'ils viennent nous chercher en entendant nos brillantes dénonciations de Mélenchon et d'autres. Mais la politique est plus dynamique que cela. Les idées des gens changent plus rapidement pendant des combats, et alors attirer des gens dans un combat commun, pour pouvoir aussi polémiquer sur les limites des idées de Mélenchon ou d'autres, est une tactique très intéressante.
D'autres camarades ont tout à fait le droit d'être de désaccord, bien sûr. On peut penser que les gens tentés par Mélenchon ou par d'autres structures endehors du NPA ne sont pas intéressants, ne pourraient jamais changer d'avis. Masi il faut poser le débat en termes de tactique politique, et non en termes de purisme identitaire ni d'amertume quasi-personnelle contre tel ou tel dirigeant non-révolutionnaire.
Motion contre l'islamophobie au congrès du NPA article archivé, de janvier 2009
Le congrès départemental du nouveau parti anticapitaliste pour le 47 a eu lieu hier, et a été marqué par un débat riche sur toute une série de questions.
Pour ma part j'ai proposé deux amendements aux textes du congrès. Le premier, concernant l'islamophobie, est ici :
Nous luttons pour une société où la laïcité signifie séparation de l’Etat et des religions, traitement égal de toutes les confessions, protection par l’Etat des libertés individuelles et collectives de croyance et de confrontations d’idées. Nous
combattons l’islamophobie autant que l’antisémitisme et toutes les discriminations, qu’elles soient religieuses, racistes, ou sexuelles, en refusant l’ethnicisation sur des bases culturelles ou/et religieuses des questions sociales et politiques ; et nous oeuvrons au rapprochement de tous les opprimés et exploités, croyants ou non croyants, dans la lutte commune pour des droits égaux.(MONTMARTRE)
C'était à rajouter aux textes "principes fondateurs" après la section sur l'oppression des femmes. Je l'ai proposé parce qu'il me semblait que dans un pays où être contre "les musulmans" n'est pas rare, même à gauche, et dans un contexte où, par exemple, la gauche radicale hésite à manifester quand une mosquée est brûlée par des extrémistes, il était indispensable que l'opposition à l'islamophobie soit écrite dans les textes.
Pour mon article sur le sujet (un peu polémique, on m'a dit) voir ici .
Mais avant de présenter l'amendement, j'ai pas mal hésité. Si c'était pour me retrouver complètement isolé, avec toute l'assemblée contre moi, je n'avais pas trop envie. Alors j'ai envoyé l'amendement avant à une dizaine de personnes dont je ne connaissais pas la position. Les réactions étaient relativement encourageantes, alors j'ai présenté l'amendement.
Dans le débat, une ou deux personnes ont déclaré ouvertement "je suis islamophobe" (en rajoutant qu'il étaient également "chrétienophobes" etc.) D'autres disaient que l'islamophobie en tant que telle n'existe pas, il existe seulement le racisme anti-arabe. D'autres encore disaient qu'il valait mieux ne pas évoquer ces sujets dans les textes.
Les lecteurs de mon blog savent que je suis partisan d'un combat implacable contre l'islamophobie.
Bref, résultat final: 10 voix pour l'amendement, 15 voix contre l'amendement et 14 abstentions. C'est beaucoup mieux que je ne pensais obtenir. Mais l'essentiel est d'encourager le débat, car même si jamais l'amendement est inscrit dans les textes, cela ne changera rien à la pratique du parti s'il n'y a pas des centaines de militants au moins qui ont envie d'engager ce combat aux côtés de certaines organisations musulmanes.
Je rebloggerai (!) plus tard dans la semaine sur d'autres aspects importants du débat préparatoire pour le congrès fondateur du nouveau parti anticapitaliste.
Par ailleurs, 21 personnes ont voulu que je sois un des six délégués au congrès, et cela a suffi (tout juste) pour que je sois élu délégué au congrès, avec cinq autres (sur 13 candidats).
Pour ma part j'ai proposé deux amendements aux textes du congrès. Le premier, concernant l'islamophobie, est ici :
Nous luttons pour une société où la laïcité signifie séparation de l’Etat et des religions, traitement égal de toutes les confessions, protection par l’Etat des libertés individuelles et collectives de croyance et de confrontations d’idées. Nous
combattons l’islamophobie autant que l’antisémitisme et toutes les discriminations, qu’elles soient religieuses, racistes, ou sexuelles, en refusant l’ethnicisation sur des bases culturelles ou/et religieuses des questions sociales et politiques ; et nous oeuvrons au rapprochement de tous les opprimés et exploités, croyants ou non croyants, dans la lutte commune pour des droits égaux.(MONTMARTRE)
C'était à rajouter aux textes "principes fondateurs" après la section sur l'oppression des femmes. Je l'ai proposé parce qu'il me semblait que dans un pays où être contre "les musulmans" n'est pas rare, même à gauche, et dans un contexte où, par exemple, la gauche radicale hésite à manifester quand une mosquée est brûlée par des extrémistes, il était indispensable que l'opposition à l'islamophobie soit écrite dans les textes.
Pour mon article sur le sujet (un peu polémique, on m'a dit) voir ici .
Mais avant de présenter l'amendement, j'ai pas mal hésité. Si c'était pour me retrouver complètement isolé, avec toute l'assemblée contre moi, je n'avais pas trop envie. Alors j'ai envoyé l'amendement avant à une dizaine de personnes dont je ne connaissais pas la position. Les réactions étaient relativement encourageantes, alors j'ai présenté l'amendement.
Dans le débat, une ou deux personnes ont déclaré ouvertement "je suis islamophobe" (en rajoutant qu'il étaient également "chrétienophobes" etc.) D'autres disaient que l'islamophobie en tant que telle n'existe pas, il existe seulement le racisme anti-arabe. D'autres encore disaient qu'il valait mieux ne pas évoquer ces sujets dans les textes.
Les lecteurs de mon blog savent que je suis partisan d'un combat implacable contre l'islamophobie.
Bref, résultat final: 10 voix pour l'amendement, 15 voix contre l'amendement et 14 abstentions. C'est beaucoup mieux que je ne pensais obtenir. Mais l'essentiel est d'encourager le débat, car même si jamais l'amendement est inscrit dans les textes, cela ne changera rien à la pratique du parti s'il n'y a pas des centaines de militants au moins qui ont envie d'engager ce combat aux côtés de certaines organisations musulmanes.
Je rebloggerai (!) plus tard dans la semaine sur d'autres aspects importants du débat préparatoire pour le congrès fondateur du nouveau parti anticapitaliste.
Par ailleurs, 21 personnes ont voulu que je sois un des six délégués au congrès, et cela a suffi (tout juste) pour que je sois élu délégué au congrès, avec cinq autres (sur 13 candidats).
The academic strike in France. Article archive 03/2009
University World News - FRANCE: Academic strike action may end
Cliquez sur le lien ci-dessus pour voir un article en anglais sur la grève dans les universités en France. On a publié ma contribution en bas de la page, et la voici :
John Mullen, a lecturer at University Paris 12, comments:
Although last Thursday's day of demonstrations was significantly smaller than previous days of action, this was partly because most Paris universities are on holiday.
As well, some unions did not really mobilise, preferring to save their strength for a big day of action next Thursday. In only one or two of the 70-odd universities affected by the strike are there significant moves to start teaching again.
The majority of strikers remain determined to get more concessions from the government, to such an extent that the biggest trade union, the SNESUP, refused even to attend a meeting called by the Minister last Friday.
The number of "alternative workshops" replacing university classes with discussions and films about social protest and democratic rights is still on the rise. For the moment, the movement is not slowing down, though it is impossible to say what will happen in a one or two weeks.
Every 10 days or so, a national strike committee holds a day-long meeting with several delegates from each striking university. The next will be held on Friday at my university and it is extremely unlikely that the strike will end before that.
The govenrment's latest proposals are viewed with considerable scepticism. Many lecturers believe the government's promise to "completely rewrite" the proposed decree on lecturer-researchers' working conditions remains vague. They would prefer the decree was simply withdrawn and the time taken to consult all concerned on any reforms.
As for the proposed reform of teacher training, again, setting up a review commission, including representatives of universities, is not a major move since the minimum demand is a moratorium of a year or two to allow consultation.
The demands of the lecturers might seem rather technical but the fundamental objection is to the idea of putting universities into competition one against another, controlling lecturer-researchers by setting up management structures and foremen in the universities, and depending more and more on private funding for research.
The government has preferred to give major tax breaks to companies that invest in research and development rather than find more funding for public sector research. We feel that if funding becomes even more private sector based, big companies will not pay researchers to write books on history, archeology, mathematics, literature and so on.
As for the autonomy of universities, we prefer the present collegial organisation. The government has promised to effectively double the salaries of university presidents when their universities become autonomous.
We believe the presidents will become businessmen and that academic independence will be under threat. In other countries such as Britain, the end result of such neo-liberal-inspired reforms has been the charging of high tuition fees for students: In France the fees are still "only" a couple of hundred euros a year whereas in Britain they are EUR3,000 and this has led to a reduction in the number of young people from poorer families going to university.
We are defending a whole idea of what a university can be as a public service. It has to be said that a national strike of this type has never been called before by university lecturers in France.
Cliquez sur le lien ci-dessus pour voir un article en anglais sur la grève dans les universités en France. On a publié ma contribution en bas de la page, et la voici :
John Mullen, a lecturer at University Paris 12, comments:
Although last Thursday's day of demonstrations was significantly smaller than previous days of action, this was partly because most Paris universities are on holiday.
As well, some unions did not really mobilise, preferring to save their strength for a big day of action next Thursday. In only one or two of the 70-odd universities affected by the strike are there significant moves to start teaching again.
The majority of strikers remain determined to get more concessions from the government, to such an extent that the biggest trade union, the SNESUP, refused even to attend a meeting called by the Minister last Friday.
The number of "alternative workshops" replacing university classes with discussions and films about social protest and democratic rights is still on the rise. For the moment, the movement is not slowing down, though it is impossible to say what will happen in a one or two weeks.
Every 10 days or so, a national strike committee holds a day-long meeting with several delegates from each striking university. The next will be held on Friday at my university and it is extremely unlikely that the strike will end before that.
The govenrment's latest proposals are viewed with considerable scepticism. Many lecturers believe the government's promise to "completely rewrite" the proposed decree on lecturer-researchers' working conditions remains vague. They would prefer the decree was simply withdrawn and the time taken to consult all concerned on any reforms.
As for the proposed reform of teacher training, again, setting up a review commission, including representatives of universities, is not a major move since the minimum demand is a moratorium of a year or two to allow consultation.
The demands of the lecturers might seem rather technical but the fundamental objection is to the idea of putting universities into competition one against another, controlling lecturer-researchers by setting up management structures and foremen in the universities, and depending more and more on private funding for research.
The government has preferred to give major tax breaks to companies that invest in research and development rather than find more funding for public sector research. We feel that if funding becomes even more private sector based, big companies will not pay researchers to write books on history, archeology, mathematics, literature and so on.
As for the autonomy of universities, we prefer the present collegial organisation. The government has promised to effectively double the salaries of university presidents when their universities become autonomous.
We believe the presidents will become businessmen and that academic independence will be under threat. In other countries such as Britain, the end result of such neo-liberal-inspired reforms has been the charging of high tuition fees for students: In France the fees are still "only" a couple of hundred euros a year whereas in Britain they are EUR3,000 and this has led to a reduction in the number of young people from poorer families going to university.
We are defending a whole idea of what a university can be as a public service. It has to be said that a national strike of this type has never been called before by university lecturers in France.
mardi 7 juillet 2020
Grève de la faim contre la casse de l'université - articles archives 2009
Bordeaux - Toute l'actualité de la région avec Libération: Les étudiants de Bordeaux III expérimentent la grève de la faim comme nouveau mode d’action
Je suis engagé dans le mouvement contre la casse de l'université depuis plusieurs mois. Je comprends les fortes émotions qu'il inspire, et je sais qu'une telle action demande beaucoup de courage.
Mais la grève de faim est une erreur tactique, car elle ne permet pas de mobiliser largement. Nous devons rester dans le collectif. Si le gouvernement méprise enseignants et étudiants (et autres personnels), pour nous, chaque étudiant et chaque collègue est précieux, et il ne faut pas choisir des tactiques qui mettent en danger les nôtres.
Je suis engagé dans le mouvement contre la casse de l'université depuis plusieurs mois. Je comprends les fortes émotions qu'il inspire, et je sais qu'une telle action demande beaucoup de courage.
Mais la grève de faim est une erreur tactique, car elle ne permet pas de mobiliser largement. Nous devons rester dans le collectif. Si le gouvernement méprise enseignants et étudiants (et autres personnels), pour nous, chaque étudiant et chaque collègue est précieux, et il ne faut pas choisir des tactiques qui mettent en danger les nôtres.
vendredi 26 juin 2020
Fundraising et enseignement supérieur. Article archives septembre 2009
Présentation - Réussir son fundraising dans l'enseignement supérieur - Educpros.fr
Je suis enseignant-chercheur, alors mon métier est de donner des cours à l'université (surtout histoire mais aussi traduction, grammaire...) et d'écrire articles et livres sur l'histoire. C'est un métier qui me plaît et je me dis que ce n'est pas inutile. Mais l'Université sous Sarkozy se doit de se voir de plus en plus comme une entreprise... d'où ces conférences (suivez le lien) sur "Comment réussir son fundraising dans l'enseignement supérieur". Pour ceux qui préfèrent le français, il s'agit de lever des fonds en cherchant des sponsors parmi les entreprises ou les anciens élèves. Les donateurs bénéficient d'incitations fiscales.
On va imiter les universités anglaises - des milliers d'étudiants vont être embauchés pour emmerder le monde au téléphone afin de chercher des financements. Et les entreprises (à moins de penser que les PDG sont tous des crétins) vont naturellement demander une contre-partie.
Au lieu de dépenser tout cet argent et ces baisses d'impôt, ce serait mieux d'augmenter les impôts pour les riches et financer correctement les universités. Même les taux d'imposition qui étaient en vigueur il y a vingt ans en France suffiraient largement à donner un vrai coup de pouce au service public et à l'université.
Mais il y a une campagne idéologique derrière tout cela. Ils font tout pour nous faire croire que la seule façon rationnelle et humaine d'organiser notre vie ensemble - que ce soit à l'université, à l'hôpital ou ailleurs - c'est l'organisation "entreprise". Pourtant on a vu que les grandes banques n'ont pas géré si bien que cela l'économie ces dernières années!
Entre temps ils voudraient que les étudiants n'explorent plus le monde des savoirs, mais qu'ils accumulent des "compétences" et des "expériences" dans un "portefeuille" qui fructifiera... (Je n'exagère pas - chercher "portefeuille d'expériences et de compétences" sous Google). Nous devrons tous devenir encore moins humain que ce que la société nous permet jusque là. Faudrait contre-attaquer!
Je suis enseignant-chercheur, alors mon métier est de donner des cours à l'université (surtout histoire mais aussi traduction, grammaire...) et d'écrire articles et livres sur l'histoire. C'est un métier qui me plaît et je me dis que ce n'est pas inutile. Mais l'Université sous Sarkozy se doit de se voir de plus en plus comme une entreprise... d'où ces conférences (suivez le lien) sur "Comment réussir son fundraising dans l'enseignement supérieur". Pour ceux qui préfèrent le français, il s'agit de lever des fonds en cherchant des sponsors parmi les entreprises ou les anciens élèves. Les donateurs bénéficient d'incitations fiscales.
On va imiter les universités anglaises - des milliers d'étudiants vont être embauchés pour emmerder le monde au téléphone afin de chercher des financements. Et les entreprises (à moins de penser que les PDG sont tous des crétins) vont naturellement demander une contre-partie.
Au lieu de dépenser tout cet argent et ces baisses d'impôt, ce serait mieux d'augmenter les impôts pour les riches et financer correctement les universités. Même les taux d'imposition qui étaient en vigueur il y a vingt ans en France suffiraient largement à donner un vrai coup de pouce au service public et à l'université.
Mais il y a une campagne idéologique derrière tout cela. Ils font tout pour nous faire croire que la seule façon rationnelle et humaine d'organiser notre vie ensemble - que ce soit à l'université, à l'hôpital ou ailleurs - c'est l'organisation "entreprise". Pourtant on a vu que les grandes banques n'ont pas géré si bien que cela l'économie ces dernières années!
Entre temps ils voudraient que les étudiants n'explorent plus le monde des savoirs, mais qu'ils accumulent des "compétences" et des "expériences" dans un "portefeuille" qui fructifiera... (Je n'exagère pas - chercher "portefeuille d'expériences et de compétences" sous Google). Nous devrons tous devenir encore moins humain que ce que la société nous permet jusque là. Faudrait contre-attaquer!
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