dimanche 16 mai 2021

Inde-Pakistan Vers la guerre nucléaire ?

 

 Inde-Pakistan

 Vers la guerre nucléaire ?

[Article de 2002, archivé ici]

La panique du gouvernement américain « découvrant » que des terroristes aimeraient bien disposer de bombes radioactives a caché le fait bien plus inquiétant que deux gouvernements disposant déjà de bombes nucléaires et des missiles pour les envoyer menaçaient de déclencher une guerre nucléaire.

Le conflit entre l'Inde et le Pakistan montre à quel point les intérêts économiques et militaires sont prêts à risquer l'avenir même de la planète. Les classes dirigeantes de l'Inde et du Pakistan, qui jouent avec la guerre nucléaire, sont terrifiantes. Mais les puissances occidentales partagent la responsabilité de ce cauchemar. La première bombe atomique testée par l'Inde utilisa du plutonium importé du Canada, et de la technologie fournie par les États Unis, la France, l'Allemagne, le Canada et l'Angleterre.

Au moment où nous écrivons, il semble que le danger immédiat de guerre nucléaire a été écarté. Mais il reviendra, car il surgit de l'instabilité d'un monde qui se base sur la concurrence économique et nucléaire, et qui utilise nationalisme et racisme pour justifier les guerres. Le nouveau projet « guerre des étoiles » de George Bush rendra la situation encore plus dangereuse. Les États Unis et la Russie gardent assez de missiles nucléaires pour détruire la planète plusieurs fois. La France, l'Angleterre et la Chine en ont assez pour tuer des centaines de millions de personnes.

Les causes du conflit

Le ministre de la Défense indien, Yogendra Narain, a déclaré début juin « Le Pakistan n'est pas un pays démocratique et nous ne savons pas quel est, pour eux, le seuil nucléaire. Nous contre-attaquerons, et nous devons être prêts pour une destruction mutuelle des deux côtés. » Du côté pakistanais, les généraux de l'armée poussaient le Général Musharaff, chef du régime, à ne rien céder. Celui-ci craint de perdre le pouvoir s'il cède.

Il y a plus d'un million de soldats indiens et pakistanais au Cachemire. Toutes les grandes villes du Pakistan et du Nord de l'Inde peuvent être atteintes par les missiles nucléaires des deux côtés.

La guerre occidentale en Afghanistan a accru les tensions entre les deux pays. L'élite du Pakistan a soutenu l'attaque contre l'Afghanistan, abandonnant ses alliés talibans. Ayant perdu ainsi de l'influence en Afghanistan, il a tenté de regagner le soutien des militants islamistes pakistanais en les encourageant d'intervenir plutôt en Cachemire (occupé en partie par l'Inde) et d'exploiter les doléances légitimes de la population qui y vit.

Par la suite, le gouvernement indien, dirigé par le parti anti-musulman, le BJP, utilisa la guerre américaine « contre le terrorisme » pour déclarer que le Pakistan était un État terroriste, et pour justifier ainsi une guerre. Des militants du BJP massacrèrent plus de 1 000 musulmans dans l'État du Gujarat. Le gouvernement indien espère qu'une guerre leur permettra de contrôler complètement le Cachemire et obligera les États-Unis d'abandonner ses bonnes relations avec le Pakistan. La classe dirigeante indienne voudrait sceller une alliance stratégique avec les États Unis.

Plus de 500 millions de personnes en Inde et au Pakistan disposent de moins d'un dollar par jour pour vivre. Pourtant, entre 1993 et 2000, les achats d'armes des deux pays ensemble totalisèrent huit milliards et demi d'euros. Ce sont les États occidentaux dits "responsables" qui ont fourni les armes.

La France et la paix.

La France, loin d'être une force pour la paix comme voudraient le faire croire nos dirigeants, profite largement du conflit. Comme l'écrit Patrick Bouverte, de l'Observatoire des transferts d'armement, « La France continue de livrer massivement des armes dans des zones de tension, puis s'étonne que les belligérants les utilisent ! »

L'attentat suicide de Karachi, qui a fait onze victimes et douze blessés parmi les équipes de la DCN française (Direction des chantiers navals) a révélé l'ampleur de la coopération militaire entre Paris et Islamabad. Entre 1991 et 2000, la France a vendu pour 1,9 milliards d'euros d'armements au Pakistan et pour 856 millions d'euros à l'Inde! En 2 000, l'Inde a commandé 10 Mirage 2000-H à Dassault, tandis que Thales (anciennement Thompson ) travaille sur des chars et des avions de chasse. La France et l'Inde ont procédé à des exercices militaires conjoints au large de l'Inde le 14 mai dernier. Après avoir vendu 3 sous-marins Agosta au Pakistan, la France négocie actuellement la vente d'un modèle plus sophistiqué à l'Inde. Les maîtres de la guerre font leur beurre.

Ceux qui souffrent le plus du conflit sont les Cachemiris. Les dirigeants de l'Inde et du Pakistan prétendent protéger ce peuple, mais il n'en est rien. L'État indien a commis des atrocités terribles contre le peuple de la partie du Cachemire occupée par l'Inde, pour la plupart des musulmans. Le Pakistan a utilisé ces horreurs comme excuse pour vouloir annexer le Cachemire en entier. Mais on peut voir de l'expérience de la partie occupée par le Pakistan que les Cachemiris n'ont rien à y gagner. IL n'y a pas de démocratie, le gouvernement est nommé par le Pakistan. La liberté du peuple cachemiri ne peut pas être garantie par la domination de l'Inde ou du Pakistan.

Les deux grands États essaient d'encourager un nationalisme féroce, mais dans les deux pays il existe également des campagnes contre la guerre. Le 6 juin une manifestation fut organisée à Kotli, (cachemire pakistanais) malgré la pression extrême (la manifestation a été attaquée violemment par des islamistes pakistanais).

En Occident c'est dans l'opposition à la « guerre contre le terrorisme » et à la vente des armes que nous pouvons contribuer à aider le peuple cachemiri.

John Mullen

Point web : Visitez le site web de l'observatoire des transferts d'armement au http://www.obsarm.org/ Vous pouvez signer la pétition contre la vente des armes par la France.

Pour information sur des campagnes de paix en Inde http://www.ashanet.org/india/peace.htm (en anglais)


[Quelques coquilles corrigées après publication initiale]